Et,
finalement, la "puissance" qui a organisé le débat prend le pouvoir, en
tirant les conclusions qu'elle veut, avec une sorte de malhonnête bonne
conscience d'avoir permis aux "contre" de s'exprimer.
La
question est vaste, et elle mérite d'être... débattue ;-). Plus
sérieusement, je veux ici m'adresser aux journalistes qui organisent des
débats, en réclamant un peu d'honnêteté, sous peine que la crédibilité
de la presse soit encore amoindrie.
Imaginons
un point épineux (l'homéopathie, les organismes génétiquement
modifiés, les résidus de pesticides, le bisphénol A, l'acrylamide...).
On veut organiser un débat, et l'on sait qu'il y a des scientifiques qui
croient qu'il y a un problème, et d'autres qui ne le croient pas.
Mettre un contre un est indécent si 99 pour cent des scientifiques sont
d'un avis, et 1 pour cent de l'autre ! Sur le plateau, devant le public,
l'honnêteté la plus élémentaire voudrait qu'il y ait donc 99
scientifiques d'une sorte, et 1 seule de l'autre sorte. Non ?
J'entends
les mauvais arguments de ceux qui veulent se simplifier la vie, et
rester avec un 1 contre 1 qui les arrange en termes d'intendance : on me
dira que, parfois, une personne intelligente vaut mieux que 99
imbéciles, et cela est vrai, mais... parfois seulement (combien ?). On
me dira que la prudence vaut sans doute que l'on entende le 1 isolé, et
pourquoi pas, mais il y a souvent, dans ces affaires, à prendre en
compte les deniers publics "raisonnablement" : imaginons que la question
soit le fait qu'une météorite peut nous tomber sur la tête ; la
probabilité est si faible qu'il serait idiot de réglementer la sortie
des citoyens hors de chez eux.
Surtout,
il ne faut pas confondre connaissance des faits, et détermination
politique fondées sur ces faits. C'est ainsi que nous nous effrayons de
quelques décès (listériose, par exemple)... alors que nous supportons
sans broncher les milliers de morts par accident de la route !
Bref,
ne demandons pas aux experts de prendre les décisions pour la
collectivité, et laissons les scientifiques dans leur rôle, qui est
d'établir des faits. Le politique doit prendre ses responsabilités, et
s'il juge qu'il veut se placer en contradiction avec les faits,
laissons-le prendre cette responsabilité !