mercredi 18 décembre 2013

Assez de malhonnêteté !

L'industrie alimentaire doit vendre, et les citoyens ne sont pas naïfs au point de l'ignorer : ils se méfient. La publicité vient matraquer des messages, mais la presse ajoute sa voix au dialogue, en dénonçant des pratiques parfois contestables.
Ces temps-ci, les services de marketing ont une nouvelle idée, celle du  « clean label » : dans les listes d'ingrédients effectivement employés pour la fabrication des produits alimentaires, ils cherchent à éviter les ingrédients que la réglementation a classés dans la liste des E : E pour « européen ». Il s'agit de ce que l'on nomme les "additifs". Comme il est interdit de ne pas signaler ces produits, certains industriels cherchent à ne pas employer les ingrédients de cette liste.
Et, comme on n'utilise pas ces ingrédients pour le plaisir, mais parce qu'ils ont des fonctions (épaissir, comme le fait la farine dans une sauce ; colorer comme le fait le safran dans une paëlla ; conserver, comme le vinaigre dans les cornichons...),  ces industriels cherchent à remplacer les ingrédients en E par des ingrédients « naturels ».
Par exemple, le  Centre technique de la conservation des produits agricoles (CTPCA) écrit que « la réduction des additifs est une attente des consommateurs pour des produits plus naturels ». En conséquence, il propose à ses adhérents de « substituer des additifs par des ingrédients naturels à fonctionnalité spécifique », tels l’huile de romarin ou  l’extrait de céleri comme conservateurs, des anthocyanes des végétaux comme colorants naturels, des extraits de thé vert comme antioxydants...
C'est pur mensonge ! L'huile de romarin, que l'on extrait du romarin par une étape d'extraction, n'est pas plus naturelle que du dioxyde de soufre, que l'on obtiendrait en brûlant du soufre ramassé sur les flans d'un volcan, par exemple, et le sel, que l'on obtient dans des marais salants ou dans des mines, n'est pas moins ni plus naturel. D'ailleurs, comment mesurerait-on le degré de naturel ?
Et c'est ainsi que l'on en vient à parler, très mensongèrement, de « clean label » ! Par exemple, en février 2012,  la revue P***s, qui donne une idée de l'industrie alimentaire, avait un article dont le titre était : « Salon CFIA : le plein de nouveautés clean label. »
Et c'est vrai que de nombreuses industries cherchent à « faire naturel »... notamment afin de communiquer sur ce thème ! Considérons, par exemple, les farines  « fonctionnelles » du groupe L***n obtenues par traitement  des farines de blé par la chaleur : certes, on obtient ainsi de  bonnes capacités de liaison et de texturation, mais on ne me fera pas croire que ces farines sont « naturelles » ! D'ailleurs, le blé est une plante très artificielle, qui a été obtenue après de longs siècles de sélection (artificielle, donc). Et la farine a été obtenue après (1) culture ; (2) récolte ; (3) mouture : naturelle ? Non, au moins trois fois non !
Dans la pratique, que l'on me comprenne bien, je n'ai rien contre ces farines fonctionnelles, ou d'autres produits du même type, mais le remplacement des additifs classiques (amidons chimiquement modifiés, hydrocolloïdes) par ces farines n'est-il pas pure communication ?
Et puis, méfions-nous des solutions « vertes » :  je suis heureux de faire état d'un appel à l'aide, hier, par une journaliste dont le plafond puait, parce qu'il avait été peint avec une peinture « verte », à la caséine : dans un endroit un peu humide, les micro-organismes qui se trouvent dans les bonnes conditions de température faisaient pourrir la peinture (je lui ai recommandé de poncer, de traiter à l'eau de Javel, et de repeindre avec une bonne peinture de synthèse... inventée précisément pour éviter ce genre de désagrément).
Des fibres de peau  d’orange comme rétenteur et stabilisateur d’eau ? Pourquoi pas. Des fibres isolées du blé ou du lupin pour optimiser la texture de la viande hachée et des saucisses ? Pourquoi pas, mais quel nom donner aux produits ? Pardon, je me reprends : quel nom honnête ? Des protéines laitières pour la charcuterie ? Pourquoi pas, mais est-ce encore de la charcuterie ? Des fonds de sauce obtenus  par cuisson, puis réduction de matières premières « naturelles » (viandes, légumes, produits de la mer) : pourquoi pas, si les conditions de conservation s'y prêtent.
Plus généralement, la tendance à plus de sécurité alimentaire ne peut être critiquée : ce serait idiot de le faire. En revanche, il faut de l'honnêteté, non ?
Ce qui pose problème, c'est que du « clean label » au « greenwashing » (ou écoblanchiment) ou, pire, au « naturewashing » (naturoblanchiment), il n’y a qu’un pas que certaines entreprises n’hésitent pas à faire. Le greenwashing est un procédé marketing que des entreprises utilisent pour se donner une image (seulement une image : ne confondons pas avec la réalité) écologique et responsable.
Toutefois l'objectif est toujours le même : « par ici mes belles oranges pas chêres ! ».  L’objectif est de promouvoir une marque ou un produit en mettant en avant des pratiques écologiques qui ne sont guère significatives. Il faut bien reconnnaître qu'il s'agit de manipulation marketing, et de mascarade écologique. Le « naturewashing », c’est la mise en œuvre de stratégies de communication pour faire  croire que les méthodes de fabrication  sont « traditionnelles » ou « naturelles ». C'est détourner le mot « naturel »  de sa signification.

Et, bien souvent, tout cela s'assortit de prix plus élevés : ne soyons pas naïfs !

samedi 14 décembre 2013

Vive Rabelais !

Chers Amis,

tout d'abord, mon fils Wolfgang m'a envoyé un lien absolument merveilleux, que je vous offre : http://vimeo.com/50237219 !


ensuite, je vous promets un bon moment à suivre mes échanges sur le blog Scilogs

Tout cela est évidemment politiquement incorrect : quel bonheur ! Assez des béni oui oui et des pisse vinaigre, disait notre bon Rabelais

dimanche 8 décembre 2013

8 décembre 2013 : Le goût et ses modalités



J'y reviens, parce que l'on m'a offert un livre sur les épices. J'en tairai le titre et les auteurs, parce que je ne veux pas faire la promotion d'un livre que je vais critiquer, et que je ne veux pas attrister les auteurs du livre, qui sont des personnes amicales.
Le livre contient des recettes, mais il est fondé sur une idée très fausse, à savoir une confusion entre goût et saveur. En soi, ce n'est pas grave, mais n'est-ce pas une obligation de personnes qui veulent rayonner que de proposer de la bonne « qualité » ? En réalité, il faut quand même considérer que les auteurs sont marchands d'épices, et que leur livre est, d'une façon ou d'une autre, une propagande commerciale.
Mais passons.
La question est surtout que ces auteurs confondent goût, odeur, saveur, arôme... Et leur livre est une voix de plus dans la cacophonie. J'y vois plus positivement une possibilité de redire des choses simples et justes.
Observons tout d'abord que Brillat-Savarin confondait goût et saveur, mais que cet homme était un avocat, qui ne connaissait donc pas la science. Ne lui attribuons donc pas des connaissances qu'il n'avait pas !
Vers 1282, on nommait « goût » le « sens par lequel on discerne les saveurs » (Gouvernement des rois, 30, 32). A l'époque régnait donc la confusion. Et ce n'est donc pas dans l'histoire que l'on peut trouver sans effort supplémentaire une justification des définitions à retenir. Ce qui est clair, toutefois, c'est que l'on ne dira pas que l'on a de la saveur pour quelque chose, mais du goût pour cette chose. Le goût est donc quelque chose de plus général que la saveur, et voilà pourquoi les spécialistes de physiologie, depuis déjà longtemps, ont décidé de considérer le goût comme la sensation synthétique que l'on a en mangeant un aliment.

Pour résumer ce premier point : le goût est la sensation synthétique que l'on a quand on met un aliment en bouche.

Poursuivons, maintenant : le goût, sensation synthétique, est fondé sur des perceptions différentes, à savoir :
  • la saveur : par les récepteurs des papilles, qui devraient donc plutôt être nommées papilles sapictives
  • l'odeur, anténasale (quand l'aliment arrive à la bouche, passant devant le nez, où il libère des molécules qui sont « odorantes », puisqu'elles ont la capacité de se lier à des récepteurs olfactifs, directement ou non
  • l'odeur rétronasale, quand des molécules odorantes remontent vers le nez par les fosses rétronasales, à l'arrière de la bouche
  • des sensations trigéminales (piquants, frais...), quand des molécules se lient à des récepteurs spécifiques du nerf trijumeau
  • des sensations thermiques
  • des sensations tactiles (la consistance des aliments est perçue lors de la mastication, et donne lieu à la sensation de texture)
  • etc.
Pourquoi « etc. » ? Parce que l'inventaire ne semble pas être complet : on a découvert il y a moins de vingt ans que des acides gras insaturés à longue chaîne avaient des récepteurs spécifiques, dans les papilles, et que la sensation donnée par cette interaction n'était pas une saveur, mais de nature différente.
Enfin, terminons ce billet en signalant que la théorie des 4 saveurs (salé, sucré, acide, amer) est connue fausse depuis des décennies par les physiologistes et tous ceux qui se renseignent un peu, au lieu de répéter paresseusement des choses fausses : la réglisse n'est ni salée, ni acide, ni amère, ni sucrée, mais réglisse ; l'éthanol a une saveur particulière, tout comme le bicarbonate, tout comme... mille composés. Et l' « umami » est un vaste baratin, mais je vous renvoie à un billet antérieur, sur ce point particulier.

Je reviens donc au livre... qui inverse les mots pour « saveur » et « goût » ! Non, la saveur N'EST PAS la sensation donnée par les odeurs ! Non, le goût N'EST PAS la sensation ressentie par les papilles ! Non, notre langue ne reconnaît pas six goûts, donc le piquant serait l'un d'entre eux (à quoi sert que les physiologistes travaillent, pour que des ignorants publient des erreurs réfutées il y a plus de 50 ans?).

Finalement, faut-il instaurer un « permis d'écrire des livres » ? Je ne le crois pas, pour mille raisons qu'il serait trop long de discuter ici, mais quel dommage que la données des références de ce livre risque d'en faire une publicité imméritée !

dimanche 17 novembre 2013

N'oublions pas que les élus doivent se penser en représentants, pas plus !


Lors d'un colloque, où étaient discutées notamment des questions touchant à la science et à la politique, j'ai entendu un orateur débattre de la question de l'intersection éventuelle de la « sphère de la science et de la sphère du politique ». Jusque là, rien de bien particulier. Toutefois, j'ai été choqué, par la suite de l'interventin de notre homme, parce que, à un certain point de son exposé, il mettait en avant un troisième élément : la sphère du public.
Quoi ? Il y a aurait donc la sphère du public, la sphère de la science, la sphère du politique. Cela signifierait-il que l'on en arrive à imaginer que le politique soit distinct du public ? A ma connaissance, les élus sont les représentants du peuple, et rien d'autre. De sorte qu'il ne peut y avoir de sphère du politique distincte de la sphère de la science, sauf à considérer que le monde politique est devenu autonome, au lieu de n'être que les ambassadeurs du public.
C'est donc une idée tout à fait détestable, que je propose de combattre vigoureusement.

D'ailleurs, à la réflexion, la science est une activité, et l'on devrait s'interroger sur la signification de cette expression « la sphère de la science ». Mettons de côté une interprétation qui partirait de l'expression fautive « la sphère scientifique » : la science, en tant qu'activité, n'a pas de voix au débat politique, ou sur les applications des sciences, ou encore sur la gouvernance de la recherche scientifique, et notre orateur aurait donc dû plus justement parler de la « sphère des scientifiques ».
Une question se pose alors : les scientifiques sont-ils différents du public ? Je propose de ne pas traiter cette question maintenant, bien qu'elle soit importante, puisque nous voyons bien dans nos travaux scientifiques, combien nos a priori, nos préjugés, nous bloquent dans la recherche de connaissances nouvelles, les dogmes s'imposent à nous, et il est souvent bien difficile de les renverser, d'une part parce que cela ne peut se faire souvent que sur la base d'un travail scientifique considérable, et, d'autre part, parce qu'il y a un certain confort intellectuel à accepter les dogmes, lesquels sont des cadres dans notre pensée.
Mais c'est là une autre histoire, et je veux seulement conclure en répétant que les mots les plus chatoyants méritent d'être interrogés, analysés, décortiqués...

lundi 11 novembre 2013

Clichés

Rions un peu de :


naturel : je rappelle qu'est naturel ce qui n'a pas été transformé par l'être humain. Autrement dit, aucun aliment n'est naturel !

bon pour la santé : même l'eau peut tuer (le supplice de l'eau), et, quand elle est pure, c'est encore plus dangereux (les "chocs osmotiques", ce qui explique notamment qu'il faut éviter de boire de la neige fondue)

 la vue est le sens principal du goût : l'avez vous mesuré ? et si l'on sent, l'odorat n'est-il pas premier ?

 les 4 saveurs : oui, mais l'éthanol, le bicarbonate, la réglisse, par exemple ?

les obèses grossissent rien qu'en sentant l'odeur des aliments : on sait pourtant depuis l'Antiquité que rien ne perd, rien ne se crée

c'est bon : cela signifie seulement "j'aime" ; or le "j'aime d'un individu n'a aucune valeur générale

demain, on se nourrira d'insectes : en êtes vous certain ?

innovations alimentaires : lesquelles ? dans les supermarchés, on trouve pizza, cassoulet, choucroute, maïs, haricots... Où est l'innovation, à part dans le conditionnement ? 

créativité :  là, il faudra que l'on m'explique en quoi c'est plus que "chercher à faire du nouveau et y passer un peu de temps"

 out of the box : en anglais, c'est mieux, n'est ce pas ?

vendredi 30 août 2013

Un train à l'heure, ce n'est pas une "info"

Notre monde des medias est étrange, et l'on y voit bien trop de choses déprimantes, raison pour laquelle j'ai cessé d'aller y voir.
Hélas, je suis éclaboussé par le monde, et il m'arrive de temps en temps des données que l'on m'envoie. Par exemple, celle de la publication d'un livre, par une doctorante en chimie, qui se dit dégoutée du mauvais état d'esprit qui règne, dans sa filière.

La vie des doctorants serait terrible ? Je propose de bien considérer la question. D'abord, un doctorant n'est plus un étudiant, et il est "grand" : on est grand après le M2, sinon, quand le devient-on ? D'ailleurs, si l'on accorde des cartes d'étudiants aux doctorants, c'est pour les aider à mieux vivre, mais pas plus. Ils n'ont pas un statut d'étudiant, mais de doctorant.
De ce fait, la position du "directeur de thèse" ? En mathématiques, bien souvent, cette personne se limite à indiquer une piste initiale, et les recherches se font indépendamment de lui/elle.
Cela ne doit-il pas être le cas pour toutes les disciplines ? Assez de ces moutons que l'on conduit à la pâture. Assez de ces assistés... qui, à mon sens, ne méritent pas le grade de docteur ès sciences/technologie !

Et puis, les encadrants de thèse sont-ils tous des affreux ? Ce serait imbécile de le penser : il existe probablement certains encadrants malhonnêtes, ou paresseux... mais dans des proportions qui ne doivent pas être différentes de celles de la population générale ! Voire inférieure : les sociologues ont montré récemment que la pratique des sciences quantitatives étaient associée à une moralité supérieure à la moyenne.

Donc ce livre qui vient de paraître dit en substance qu'un chien a été écrasé, qu'un train n'est pas arrivé à l'heure. Et alors ?
Il serait idiot de faire un cas général d'un cas particulier, et il est sans doute un peu irresponsable de contribuer à forger un sentiment général d'une mauvaise conduite des encadrants de thèse en chimie.
Autrement dit, OK pour parler du livre en question, mais à la condition que l'on parle bien plus souvent de livres qui diraient combien la thèse a été un moment merveilleux ! Sinon, c'est de la mauvaise information.

Ne devrions-nous pas généraliser l'idée à l'ensemble des champs de l'information, notamment les trains à l'heure ou pas, les guerres ou les paix, etc.?

mardi 27 août 2013

Aucune bêtise ne vous sera épargnée !

On a eu le régime sans pain, le régime sans gluten, le régime à base de foie gras, la "cuisson douce" (sic), les "aliments naturels"... 

Le pire ? Je ne sais pas, mais le "régime paleolithique" est gratiné : 
Il est vrai qu'à l'époque, les gens vivaient mieux, plus longtemps et que donc on doit tout faire pareil qu'à l'époque,  car c'est comme ça que l'on a été pensé et que l'on est prévu.
Bon, sur ce,  je vais allumer un feu avec mon smartphone.

dimanche 25 août 2013

Beaucoup de mauvaise foi à propos du dioxyde de soufre.


Dans l'actualité, il y a cette autorisation utiliser du dioxyde de souffre pour combattre les frelons asiatiques. Soyons clairs  :  je n'ai rien a priori contre l'utilisation du dioxyde de soufre, mais je m'étonne de c'est qu'il en est dit.
Par exemple, il est dit que le dioxyde de soufre ne présente que très peu de danger. Par exemple il est dit que l'on va  le  projeter sous forme liquide dans les nids de frelons et que, ainsi, on en administrera une toute petite quantité. Cela me fait penser à certains  vignerons qui me disaient qu'il ne souffraient que très peu les vins, alors  qu'ils utilisaient t plusieurs milligrammes de dioxyde de soufre,  et cela ne fait penser aussi à des recettes de cuisine tout à fait ahurissantes du XIXe siècle, ou l'on mettait des fruits dans les bouteilles avant d'y brûler du soufre, la bouteille étant enfermée (des grammes de dioxyde de soufre formés, alors).
Je connais bien le dioxyde de soufre, que  je m'amusais à produire, enfants, en brûlant du soufre. Le souffre est une  poudre jaune, sans odeur,  et lorsqu'il brûle dans l'air,  sa combinaison avec l'oxygène conduit à la formation de dioxyde de soufre, un gaz extrêmement occident et suffoquant. Pour s'en compte, il suffit  d'exposer aux vapeurs produites lors de la combustion un tissu taché  : il se décolore immédiatement, signe d'une oxydation particulièrement puissante.
Le dioxyde de soufre  sous forme liquide ? Je crains que nos amis  soient bien ignorants de la chimie et qu'ils aient  en réalité ainsi désigné non pas le gaz dioxyde de soufre liquéfié, mais plutôt une solution de métabisulfite de sodium, par exemple. Ainsi s'expliquerait  la possibilité d'administrer de très petites quantités, si l'on dilue cette solution. Reste que si le composé est actif, il est vraisemblablement toxique non pas seulement pour le frelon asiatique, mais aussi pour nous.Cela, c'est de la bonne foi !
Je pourrais ainsi continuer à dire des choses justes à propos de cette information mal traitée par la presse et même par ceux qui se préparent à utiliser le dioxyde de souffre. Je préfère conclure en signalant que, à l'heure où la chimie est critiquée de façon imbécile par des ignorants, on a plus que jamais besoin de chimie,  de connaissances de ce monde merveilleux qu'est le monde moléculaire. C'est parce que nous saurons omment ce monde se comporte que nous pourrons avoir une action précise sur le monde. De même pour l'utilisation des détergents... que les fabricants sont obligés de diluer, vu le comportement des individus qui doublent inutilement les doses dès la première tache. De même pour les produits  phytosanitaires utilisés dans les jardins : à quoi bon  refuser des résidus de pesticides dans les aliments quand, dans les banlieues, le moindre jardinier amateur se laisse aller à utiliser ces produits en abondance dès l'apparitions de la moindre attaque de limace sur ses salades ou d'insectes sur ses pommes. A  propos aliments, aussi : à quoi bon vouloir manger sain alors qu'on a passé l'été à faire des barbecues et à consommer des quantités considérables de benzopyrènes cancérogènes !
Décidément, je continue de conclure que nous n'avons pas trouve de chimie, puisque la chimie est l'activité de production de composés nouveaux. Nous avons besoin de beaucoup plus de connaissances donnée aux citoyens à propos du monde moléculaire.

vendredi 23 août 2013

Un autre exemple des fautes de pensée que font certains.



Dans le même livre idiot dont j'ai déjà parlé, je lis : « il est donc logique que les sciences moderne aient toujours été liées au pouvoir en place ».

Cette phrase est d'une grande généralité, et elle sous-tend que tous les scientifiques ont été liés au pouvoir, ce qui est faux, évidemment. 
 
Ce qui est certain, c'est que, pour pratiquer la science, il est nécessaire d'avoir les moyens de le faire. Ces moyens sont donnés par l'université, ou dans les centres de recherche, par les des subventions personnelles. 
Dans tous les cas, les scientifiques dépendent des bailleurs de fond, c'est en tendu. Mais, à ce compte, le mot pouvoir perd son sens.

jeudi 22 août 2013

On ne juge que d'après soi même !

Je lis dans un article d'un historien (je ne le cite pas non pas par peur, mais parce que je ne veux en aucun cas lui faire de publicité) :

"il n’y a pas lieu de s’étonner de voir un savant académicien du siècle des Lumières se référer à l’œuvre d’un philosophe à la mode. La science n’était pas alors une affaire de chercheurs emmurés dans d’étroites spécialités."

Quel mépris ! Quoi, les scientifiques d'aujourd'hui seraient des tâcherons, des ânes sans culture, "emmurés" ?

Assez ! Regardons les premiers prix du Concours général, et nous verrons que les mêmes accumulent tout aussi bien les prix de version latine que de sciences physiques. Patrouillons dans les salles des élèves des Grandes Ecoles, et nous verrons des chercheurs, en herbe certes, s'intéresser à tout.
Montons dans les Académies, tout d'un coup, et nous verrons des individus qui, toute leur vie, ne se pas pas "emmurés", mais, au contraire, ont fait fleurir leurs travaux par des éclairages qui rappellent le "rien de ce qui est humain ne doit m'échapper".

Mieux encore : il est douteux que l'on puisse séparer le maniement des mots et la science. C'est ce que disait Lavoisier, se réclamant de Condillac.

mercredi 21 août 2013

Non, les sciences quantitatives n'ont pas vocation pratique



Je lis dans un livre idiot : « Les sciences modernes ne sont toutefois pas seulement un mode de savoir mais aussi une activité à vocation pratique ». Je propose de penser que tout ce qui est écrit n'est pas nécessairement juste ! D'ailleurs, qu'est-ce qui justifie l'aplomb avec lequel les deux auteurs (oui, ils s'y sont mis à deux) de ce livre détestable (pardon de ne pas le citer : ce serait lui faire de la réclame) osent dire une telle chose ?
Commençons par dire que leur déclaration est fausse. Les sciences quantitatives, modernes ou pas, cherchent mécanisme des phénomènes, et elles n'ont pas de « vocation » pratique ; il est illégitime de leur attribuer cette fonction. D'ailleurs, elles n'ont pas de vocation du tout : c'est une projection, un fantasme, une lubie, que de leur attribuer cet objectif.

dimanche 18 août 2013

Sous la plume d'un maître d'hôtel

Lu dans la revue L'Hôtellerie : "Un son ne changera pas le goût d'un plat, mais affectera la perception des saveurs".

Etonnant ! Le goût, c'est ce que l'on sent, dans on mange. La saveur, c'est la composante du goût qui est donnée par les papilles.

Par conséquence, "affecter" (cela signifie "changer", en français) la saveur (ou les saveurs), c'est changer le goût.



"La science ne peut parler d'une seule voix" ?

J'ai lu cette phrase : "La science ne peut donc parler d'une seule voix, et les avis experts sont toujours multiples".

La science ne parle pas ; comment, alors, pourrait-elle parler d'une seule ou de plusieurs voix. Ceux qui parlent, ce sont les scientifiques, mais il faut distinguer les champs dans lesquels ils s'expriment.

Il est redoutable que les scientifiques s'expriment sur des sujets qui ne sont pas leur sujet de travail, parce que, alors, c'est un abus d'autorité. Ne jamais se transformer en gourou, même sous la pression. La connaissance (la petite connaissance) n'est pas une garantie de sagesse en dehors du strict champ que l'on a étudié.

Et se posent la question non pas des "avis experts", mais des "avis des experts".
Un avis expert ? Un avis n'est qu'un avis, et il peut être donné par un expert, mais un avis n'est pas expert en lui-même.
Un avis, d'autre part ? Parle-t-on d'opinion, de "sentiment" ? Alors que vaut la connaissance d'un champ scientifique particulier ? Le scientifique peut seulement dire -relativement fiablement- ce qui est du domaine du cohérent avec la théorie en cours, guère plus.

Dans le même livre

J'ai évoqué un livre que je déteste, sans en donner les références, parce que cela lui ferait de la réclame.

Je lis encore : "Les preuves des sciences ne sont pas absolues".

Ceux qui écrivent cela (ils se sont mis à deux !) n'ont manifestement rien compris à la démarche des sciences quantitatives : la science quantitative ne fonctionne pas par des preuves, puisque toute théorie est insuffisante par nature ; comment prouver, alors, ce qui n'est pas juste ?

Non, la science quantitative ne peut que réfuter des théories que l'on sait insuffisantes.


Du coup, j'y pense : cela vaut-il la peine de consacrer des billets de blog à un texte que je déteste ? Oui, parce que l'explicitation des fautes permet de mieux les éviter. En voyant la paille dans l'oeil du voisin (en l'occurrence, c'est quand même une très grosse paille !), on peut éviter la poutre dans le sien.

Vigilance

Je lis :

"Les sciences se présentent souvent comme le coeur de tout progrès et de tout savoir".

Ceux qui ont écrit cette phrase sont tendancieux, et pour plusieurs raisons :

1. Les sciences ? Lesquelles ? Les sciences quantitatives,  ou les sciences de l'homme et de la société ?

2. Les sciences ne peuvent pas se présenter comme quelque chose, parce que ce sont des activités, et pas des personnes.

3. Les sciences : toutes les sciences ? Ou, pour être plus précis que les auteurs de la phrase, tous les scientifiques ? Non ! C'est donc une accusation mal fondée.

4. Les sciences seraient le coeur de tout progrès et de tout savoir ? Qui serait assez bête pour le dire !

Bref, il y a là une accusation à la fois mal fondée, et tendancieuse.

D'ailleurs, la phrase suivante dit "On oublie ainsi qu'elles sont fabriquées par des humaines". C'est donc la stratégie du dragon chinois : on crée un problème qui n'existe pas, puis on pourfend le dragon de papier, et l'on se tape sur la poitrine en  clamant : "J'ai tué un dragon".

Petits esprits...